L'aspartame, un additif alimentaire répandu dans nos produits de consommation quotidienne, fait l'objet d'une attention renouvelée suite à sa réévaluation par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) l'a récemment classé comme « peut-êtrecancérogènepourl'homme », suscitant des questions légitimes sur ce substitut du sucre présent dans de nombreux aliments et boissons.
Qu'est-ce que l'aspartame et comment agit-il sur notre organisme ?
L'aspartame, identifié en Europe par le code E951, est un édulcorant artificiel largement utilisé dans l'industrie alimentaire depuis les années 1980. On le trouve principalement dans les produits allégés et les boissons sans sucre, où il apporte une saveur sucrée sans l'apport calorique du sucre traditionnel.
Composition chimique et propriétés de l'aspartame
L'aspartame est un dipeptide composé de deux acides aminés : l'acide aspartique et la phénylalanine, liés par un groupe méthyle. Cette structure lui confère un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du saccharose (sucre de table), ce qui explique son attrait pour les fabricants. Malgré sa valeur énergétique similaire au sucre (4 kcal/g), la quantité minime nécessaire pour obtenir un goût sucré réduit considérablement l'apport calorique final dans les produits qui l'utilisent.
Le mécanisme d'action de l'aspartame dans le corps humain
Une fois ingéré, l'aspartame est métabolisé dans le tractus digestif en trois composants : la phénylalanine, l'acide aspartique et le méthanol. Ces substances sont naturellement absorbées par l'organisme via les voies métaboliques classiques. La phénylalanine et l'acide aspartique sont utilisés comme n'importe quels autres acides aminés pour la synthèse des protéines, tandis que le méthanol entre dans le cycle métabolique normal. C'est notamment la présence de méthanol, même en faible quantité, qui a attiré l'attention des chercheurs lors des évaluations toxicologiques, car ce composé peut être transformé en formaldéhyde puis en acide formique par l'organisme.
Les études scientifiques liant l'aspartame au cancer
L'aspartame, un édulcorant artificiel au pouvoir sucrant 200 fois supérieur à celui du sucre, fait l'objet d'une attention renouvelée suite à sa récente réévaluation par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Identifié en Europe par le code E951, cet additif utilisé depuis les années 1980 dans de nombreux produits alimentaires et boissons sans sucre vient d'être classé comme « peut-êtrecancérogènepourl'homme » (groupe 2B) par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Cette classification s'appuie sur plusieurs études qui suggèrent un lien potentiel entre sa consommation et certains types de cancers.
Revue des recherches récentes sur la cancérogénicité
Le CIRC a examiné plus de 1000 substances, dont 534 ont été classées comme cancérogènes ou potentiellement cancérogènes. Pour l'aspartame, cette classification dans le groupe 2B repose sur une « indicationlimitée » de cancer chez l'homme, avec une attention particulière portée au carcinome hépatocellulaire. Une étude marquante, menée par l'Inserm, l'INRAE, l'Université Sorbonne Paris Nord et le Cnam, a analysé les données de 102 865 adultes français de la cohorte NutriNet-Santé. Les résultats montrent que les personnes consommant le plus d'édulcorants, notamment l'aspartame et l'acésulfame-K, présentaient un risque plus élevé de développer un cancer. Des associations ont été observées pour le cancer du sein et les cancers liés à l'obésité. Cette recherche suggère que les édulcorants artificiels pourraient constituer un facteur de risque pour le cancer, même si les mécanismes exacts restent à clarifier.
Analyse critique des limites méthodologiques des études existantes
Les classifications du CIRC mettent en évidence la solidité des preuves scientifiques quant à la capacité d'un agent à provoquer un cancer, mais ne révèlent pas le risque de développer un cancer à un niveau d'exposition donné. Il convient de noter que la catégorie « peut-êtrecancérogène » (groupe 2B) indique un niveau de preuve moins élevé que les substances classées comme « cancérogènes » (groupe 1) ou « probablementcancérogènes » (groupe 2A). Malgré cette classification, le Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires (JECFA) a maintenu la dose journalière admissible (DJA) d'aspartame à 40 mg par kilogramme de poids corporel. Cette décision suggère que la consommation d'aspartame reste considérée comme sûre en dessous de ce seuil. Pour donner une idée concrète, un adulte de 70 kg pourrait consommer plus de 9 à 14 canettes de boisson sans sucre par jour (contenant chacune 200 à 300 mg d'aspartame) sans dépasser cette DJA. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réévalué l'aspartame en 2013 et a lancé une nouvelle réévaluation en juin 2023, signe que les recherches sur cet édulcorant se poursuivent pour affiner notre compréhension de ses effets potentiels sur la santé.
Consommation quotidienne d'aspartame : analyses des seuils de risque
L'aspartame (E951) fait l'objet d'une attention renouvelée depuis sa classification par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme « peut-êtrecancérogènepourl'homme » (groupe 2B) en juillet 2023. Cet édulcorant artificiel, 200 fois plus sucrant que le sucre traditionnel, est omniprésent dans notre alimentation depuis les années 1980, notamment dans les boissons sans sucre et produits allégés. Face aux préoccupations grandissantes, l'analyse des niveaux de consommation réels par rapport aux seuils établis s'avère nécessaire pour évaluer les risques potentiels.
Données sur les doses journalières admissibles (DJA) et leur respect
La dose journalière admissible (DJA) de l'aspartame a été confirmée à 40 mg par kilogramme de poids corporel par le Comité mixte de l'OMS. Pour illustrer ce seuil, un adulte de 70 kg pourrait théoriquement consommer entre 9 et 14 canettes de boisson gazeuse light par jour sans dépasser cette limite, sachant qu'une canette contient généralement entre 200 et 300 mg d'aspartame. Cette DJA n'a pas été modifiée malgré la réévaluation récente, les autorités estimant que les données actuelles ne justifient pas un ajustement. Il faut distinguer la classification du CIRC, qui indique la capacité potentielle d'une substance à provoquer un cancer, de l'évaluation du risque réel lié à une exposition donnée. Les études, notamment celle de la cohorte NutriNet-Santé impliquant plus de 100 000 adultes français, ont révélé une association entre la consommation régulière d'aspartame et un risque accru de certains cancers, particulièrement le carcinome hépatocellulaire (cancer du foie) ainsi que les cancers liés à l'obésité et le cancer du sein.
Populations à vigilance particulière face à l'E951
Certains groupes de population requièrent une attention spéciale vis-à-vis de la consommation d'aspartame. Les personnes souffrant d'obésité représentent un groupe à risque notable, les recherches de l'Inserm, INRAE, Université Sorbonne Paris Nord et Cnam ayant identifié un lien plus prononcé entre la consommation d'édulcorants et les cancers liés à l'obésité. Les grands consommateurs de boissons sans sucre et de produits allégés contenant de l'aspartame (E951) sont particulièrement exposés, car ils peuvent atteindre plus facilement les seuils critiques. L'étude NutriNet-Santé a précisément montré que les individus consommant le plus d'aspartame et d'acésulfame-K présentaient un risque plus élevé de développer un cancer. Les enfants constituent également une population sensible en raison de leur poids corporel inférieur, rendant la DJA proportionnellement plus facile à dépasser. Le calcul de l'exposition doit prendre en compte la multiplicité des sources d'aspartame dans l'alimentation quotidienne, au-delà des seules boissons. Face à ces constats, l'OMS recommande de limiter la consommation d'édulcorants artificiels, tout comme elle préconise de réduire les sucres libres à moins de 10% de l'apport énergétique quotidien.